
Dans le documentaire « Extramuros, une peine sans mur » (2021), la réalisatrice Catherine Réchard invite le spectateur sur les pas d’une éducatrice chargée d’encadrer des « probationnaires » dans le cadre d’un « placement extérieur ».
Le « placement extérieur » constitue, pour des personnes condamnées, une alternative à l’emprisonnement. À Reims, l’association Le Mars (Mouvement d’action et de réflexion pour l’accueil et l’insertion sociale), créée en 1973, est conventionnée avec l’Administration pénitentiaire pour accueillir et encadrer des bénéficiaires de cette mesure judiciaire.
Avec chaque bénéficiaire, le Mars définit un projet de réinsertion qui touche des aspects essentiels de sa vie : emploi, formation logement, hébergement, famille, soins. Ce projet est soutenu par le Service pénitentiaire d’insertion et de probation et validé par le juge de l’application des peines.

Un dispositif similaire est mis en œuvre pour les personnes mises en examen pour des délits ou des crimes et non encore jugées : le contrôle judiciaire socio-éducatif, qui constitue une alternative à la détention provisoire.
Marie Salmon est éducatrice au Mars. On la voit attendre à la gare un homme sorti de prison, avec trois gros sacs qui sont toute sa vie. Elle l’installe dans un appartement propriété de l’association. Elle lui explique les règles à respecter : les rendez-vous, la recherche d’un emploi, le suivi médical.
On voit Marie recevoir dans son bureau « ses » probationnaires. Certains ont des baisses de moral, ne se présentent pas à des entretiens d’embauche, ne donnent pas de nouvelles pendant des jours. Elle les écoute patiemment, les encourage, leur explique qu’ils ont en eux les ressources qui leur permettront de surmonter une mauvaise passe. Elle sait que le chemin de la réinsertion n’est pas linéaire, qu’il passe souvent par des rechutes.

Marie est sans cesse en mouvement, de son bureau aux appartements mis à la disposition des intéressés, à la prison, aux entreprises d’insertion. Elle va d’un lieu à l’autre sur son vélo rouge. Celui-ci est le vrai fil rouge du film. Il symbolise l’opiniâtreté, la route à parcourir, le lien (cadenas) et la liberté (pédalage).
Marie est un personnage magnifique, attentive, patiente, non dénuée d’humour et surtout profondément humaine par sa foi dans la possibilité de tout être humain de retrouver confiance en soi-même, en les autres, en la société.

Xavier Denecker, visiteur à Bordeaux-Gradignan
Une projection de ce film a été organisée au cinéma Utopia de Bordeaux le 13 septembre 2022 par Citoyens et Justice, fédération des associations socio-judiciaires et l’Association Laïque Le PRADO, en présence de la réalisatrice, Catherine Rechard.
La discussion qui a suivi a permis de faire la différence entre deux aménagements de peine : le placement sous surveillance électronique PSE, et le placement à l’extérieur PE.
Le placement sous surveillance électronique concerne des personnes disposant d’un hébergement. La personne sous PSE, astreinte à des heures de sortie, est limitée géographiquement dans ses déplacements. Le contrôle du respect de ces obligations est assuré par l’Administration pénitentiaire.
Le placement à l’extérieur s’adresse à des sortants de prison sans logement ni emploi faisant l’objet d’un suivi socio-judiciaire (soins, aide psychologique, lutte contre les dépendances – alcool, drogues). Ce suivi est exclusivement assuré par des associations, comme Le MARS à Reims, hébergement, insertion et lutte contre la récidive. Les associations assurant ces suivis sont en lien permanent avec les SPIP et les juges d’application des peines.
C’est dire l’importance des associations sans lesquelles cette mesure ne pourrait exister.
La fiche du film par son éditeur, Un fil à la patte