
Patrick nous a quittés : ce départ brutal, nous n’y pensions pas. Dans quelques jours, Patrick devait participer à une réunion sur les interventions des visiteurs-accompagnants hors les murs. Il a célébré avec nous fin février 2021 la fin de ses fonctions en tant que visiteur, rôle qu’il a exercé pendant 40 ans. Nous échangions sur l’absurdité du retrait de son agrément. Trop vieux ? Assurément pas pour Patrick, toujours aussi déterminé, engagé et actif. Il a été délégué régional de Toulouse, président de la section des visiteurs du CD de Muret et de la MA de Seysses, administrateur. Mais visiteur avant tout, il était un « accompagnateur » de vie et de projet pour des personnes détenues en errance.
Difficile de trouver mieux pour restaurer la dignité manquante : humanité, respect, fiabilité de l’engagement. Des dizaines de détenus ont eu la chance de le rencontrer dans leurs parcours chaotiques et beaucoup lui sont restés fidèles après avoir purgé leur peine.
Les détenus, mais nous aussi, visiteurs confirmés ou débutants, dés lors qu’il s’agissait d’être apaisés, rassurés ou simplement informés, nous connaissions sa disponibilité, sa bienveillance et son efficacité.
Patrick était un homme fortement engagé au niveau des valeurs qu’il incarnait avec un charisme rare : un humaniste convaincu dont l’action ne se limitait pas à la fonction de visiteur, les actions concrètes qu’il a menées en faveur des réfugiés de sa région le prouvent.
A travers lui, en groupe de paroles, en réunion de section, ou en aparté autour d’un café, nous étions convaincus de participer à une action noble.
Désormais grâce à lui, cette conviction nous accompagnera encore longtemps.
Charge à nous de la transmettre à notre tour…
Témoignage de Philippe Leconte, délégué inter-régional ANVP Occitanie
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Patrick s’est longtemps occupé de l’Oustal de Toulouse, « Passerelle entre la prison et la société, L’Oustal est une association qui accueille des personnes sortant de prison ou sous main de justice.«
Voici ce que la présidente de l’Oustal, Anne Boudou, nous a écrit au sujet de Patrick :
A L’Oustal, pendant 11 ans, Patrick a été un grand président : il a su prendre les tournants qui ont permis à l’association de mettre pleinement en œuvre les valeurs sur lesquelles elle repose : ouverture à l’exclu, citoyenneté, accompagnement.
Il a, par son action, professionnalisé l’association par l’embauche d’éducateurs spécialisés, et ainsi permis de passer du stade de la charité à celui du social, et de considérer les personnes accueillies non plus comme des protégés sur lesquels on doit veiller, mais comme des citoyens que l’on doit accompagner pour leur permettre de retrouver leur place dans la société.
Il a été pendant cette période, un animateur très présent qui organisait des événements où tous, bénévoles et résidents, se retrouvaient pour partager des moments très précieux de vie ensemble, permettant une même communion dans l’effort et la joie.
Il a fait rayonner L’Oustal au-delà du cercle local en attirant l’attention de fondations parisiennes qui ont prêté main forte pour rénover les locaux et les mettre aux normes en vigueur.
Il était également reconnu par l’administration pénitentiaire qui le considérait comme un partenaire et qui aujourd’hui lui rend hommage.
Anne Boudou
Plusieurs articles de presse ont été consacrés à Patrick :
le plus récent (28/05/2021), dans La Dépêche : Toulouse. Patrick Franc était une grande figure de la réinsertion
En 2010, lors du congrès de l’Association Nationale des Visiteurs de Prison à Fréjus, Patrick avait présenté l’Oustal de Toulouse dans la cadre du colloque « La prison, et après ». Il avait avec lui une ancienne détenue venue évoquer le problème de cacher son passé pour ne pas être réduit à son délit ainsi qu’un homme qui a exposé la difficulté de se réinsérer lorsqu’on manque de moyens, notamment l’absence de ressources, le travail en prison ne donnant aucun droit au chômage à la sortie de prison.
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Dans les quelques lignes dédiées au souvenir de ce visiteur, le délégué inter-régional Occitanie s’interroge : « Nous échangions sur l’absurdité du retrait de son agrément. Trop vieux ? » Quelles justifications apporte l’Administration pénitentiaire à cette limite d’âge de 70 ans ? L’ANVP a-t-elle envisagé de faire un recours pour discrimination dont l’âge est l’un des critères figurant dans les textes internationaux et européens.
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Bonjour Patrick,
La convention pluriannuelle d’objectifs 2018-2020 indique, comme un objectif de l’Administration :
« s’assurer que l’âge limite de 75 ans indiqué dans la circulaire de 2007 ne soit plus un obstacle au renouvellement de l’agrément mais uniquement un des critères d’analyse comme la motivation du bénévole, son sens du contact, sa disponibilité, l’expérience de la vie, le bon équilibre psychologique, la capacité à répondre aux impératifs sécuritaires liés à une intervention en détention, l’opportunité du renouvellement de cette intervention par rapport à l’offre existante au sein de l’établissement, etc. »
Il n’y a donc plus de « limite d’âge ».
Xavier
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