Au cours de son activité de visiteur de prison chacun de nous a pu côtoyer individuellement des personnels de l’administration pénitentiaire animés de principes humanistes. A longueur de réunions nationales ou locales des responsables nous rappellent que la resocialisation des personnes détenues est avec la sécurité le principal objectif de la prison en France. Mais les faits sont cruels et les chiffres de la récidive ainsi que les condamnations récurrentes de la France par les instances européennes expliquent que beaucoup d’opérateurs sont désabusés.

Dans ce contexte le livre « #PRISONS » par le collectif Walden (Edtions Mediapop – 15€) fera certainement date, un peu comme a pu le faire en son temps la conférence du consensus.
Cela tient d’abord à la composition de ce collectif : 15 professionnels de l’administration pénitentiaire, de la justice, du monde professionnel, de Pôle emploi. Partant de leur travail quotidien, de leur objectif de resocialisation des personnes détenues et de leur frustration ils élaborent 70 propositions très concrètes ( en référence symbolique aux 70 000 détenus que comptait la France début 2020) regroupées en 7 thèmes :
– décloisonner et jouer collectif
-rendre le détenu acteur de son changement
– lever les freins périphériques à l’emploi
– faire entrer le numérique en détention
– mieux former pendant l’exécution de la peine
– développer le travail en détention pour mieux réinsérer
– sécuriser le retour à l’emploi une fois libéré.
Ces propositions ( fruits d’une réflexion s’étendant sur 2 ans) sont très cohérentes et exhaustives. Le moment de leur publication est idéal venant après la condamnation de la France par les instances européennes et la spectaculaire réduction du nombre de détenus par suite de l’épidémie.
Les membres du collectif travaillent dans le même secteur géographique où une nouvelle prison ( à Lutterbach dans le Haut-Rhin) sera ouverte en 2021 et leurs hiérarchies respectives semblent avoir suivi leur démarche avec un intérêt certain ( plusieurs membres du collectif ont été appelés à rejoindre leur administration centrale à Paris). On peut espérer que leur objectif se concrétisera. Comme le dit leur porte-parole Jessica Vonderscher : « Que le Haut-Rhin devienne un département pilote en la matière avec l’idée de développer de manière expérimentale certaines de nos propositions, ce qui permettra de les évaluer concrètement .»
René Foltzer, visiteur à Ensisheim dans le Haut-Rhin