
Les visiteurs de prison doivent-ils cacher leur identité aux personnes détenues qu’ils visitent ? Cette question soulève des débats au sein de l’ANVP. Certains visiteurs sont attentifs à ce que jamais leur nom ne soit mentionné par les surveillants de parloir, ni dans des courriers ou appels téléphoniques impliquant des personnes détenues. Ils souhaitent ainsi préserver leur vie personnelle et familiale hors de la prison, éviter d’être l’objet de sollicitations ou de pressions débordant le cadre des visites.
D’autres visiteurs n’excluent pas que la relation qu’ils nouent avec les personnes détenues qu’ils visitent, du moins certaines d’entre elles, devienne un jour durable et solide. Ils pensent que se présenter sous sa vraie identité est nécessaire pour que la relation s’établisse d’égal à égal : dans cette ligne, ils réprouvent la pratique du pseudonyme, qui fut autrefois pratiquée par certains visiteurs.
Quelles sont les règles à respecter ?
Le code de déontologie du service public pénitentiaire précise (article 31) que « les personnes physiques et les agents des personnes morales concourant au service public pénitentiaire ne peuvent entretenir vis-à-vis des personnes placées ou ayant été placées par décision de justice sous l’autorité ou le contrôle de l’établissement dans lequel ils interviennent, ainsi qu’avec leurs parents ou amis, de relations qui ne seraient pas justifiées par les nécessités de leur mission. »
Les visiteurs concourent au service public pénitentiaire. Il est arrivé que certains perdent leur agrément pour avoir communiqué leur nom et leurs coordonnées à des personnes détenues. L’interprétation en ce sens des textes par certains services de l’administration pénitentiaire, semble abusive. En quoi la création d’une relation de confiance entre la personne détenue et son visiteur s’opposerait-elle aux nécessités de sa mission ? Celle-ci ne consiste-elle pas, précisément, à créer de la confiance : confiance en son interlocuteur, confiance en soi-même, confiance en la société ?
C’est bien cela qu’évoque le code de déontologie du visiteur adhérent à l’ANVP, en rappelant un de nos principes d’actions avec la personne détenue qui est le suivant : « prendre la responsabilité de nous présenter sous notre véritable identité, à moins d’une dangerosité avérée de la personne« .
Ce principe peut être renforcé par un autre principe d’action : « nous efforcer, en toute transparence et authenticité, de créer progressivement une relation empathique et confiante par une écoute active et respectueuse ».
La réponse à la question « les visiteurs doivent-ils rester anonymes ? » ne peut donc se résoudre par oui ou par non. Elle dépend du degré de confiance que le visiteur et la personne visitée peuvent se donner l’un à l’autre. Certains visiteurs se sentiront plus à l’aise en maintenant en toutes circonstances une distance, et n’accepteront d’être connus que par leur prénom. D’autres en diront un peu plus sur eux-mêmes à certaines à certaines personnes qu’ils visitent. Ce qui importe, dans un cas comme dans l’autre, c’est la construction d’une relation vraie, dans la durée.
Xavier Denecker, à partir d’une contribution de Didier Baudoin (visiteur à Poitiers Vivonne)
Bonjour,
En ce qui concerne le Centre Pénitentiaire du Havre, la question de l’anonymat des visiteurs ne s’est jamais posée, ou plutôt l’AP y a répondu avant qu’elle ne puisse être posée: chaque personne visitée reçoit une convocation écrite au parloir, émise par le SPIP en amont de la visite. Cette convocation comporte le nom et le prénom du visiteur.
Cette procédure n’a jamais fait débat au sein du groupe de visiteurs.
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Bonjour,
Ce que je trouve abusif, c’est cet article 31 du code déontologie et, à ce titre, il me semble qu’il serait intéressant (nécessaire et important) que cet article soit débattu entre l’ANVP et l’AP et que nous en demandions la refonte. En tous cas au moins pour les personnes qui ne sont plus placées sous main de justice. De façon sans doute assez exceptionnelle, il peut quand même se faire, en effet, qu’un visiteur et un détenu puissent souhaiter maintenir des liens sur une période plus ou moins longue après la libération de celui-ci. La radiation de la qualité de visiteur pour ce seul motif me semble aussi injuste qu’extravagante.
Laurent Coüasnon, correspondant pour l’établissement pénitentiaire de Rennes-Vezin.
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