
Chaque année en novembre, se déroulent les Journées Nationales Prison, organisées autour d’un thème annuel. De nombreuses sections de l’ANVP participent à cette opération, en concertation avec d’autres associations du champ pénal et pénitentiaire. Ces journées nationales qui donnent lieu à un certain nombre de manifestations, s’appuient sur un dossier préparé par le GNCP (Groupe National Concertation Prison) et une affiche que celui-ci a validée. Les 27èmes journées sont prévues du 20 au 29 novembre 2020.
LE GNCP C’EST QUOI ?
C’est le « Groupe National Concertation Prison » dont l’ANVP est membre, représentée par deux visiteurs, Dominique Luccioni et Yves Racovski. C’est la FARAPEJ qui a été à l’initiative de la création du GNCP, avec dès le départ la participation de l’ ANVP, et a déposé la marque JNP à l’INPI en 2007.
LES ACTEURS DU GNCP
Le GNCP regroupe les associations suivantes, qui toutes partagent des valeurs communes proches de celles de l’ ANVP
- l’ANVP,
- les aumôneries catholique, protestante et musulmane,
- la CIMADE (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués),
- la Croix-Rouge française, qui a un département justice/prison et des bénévoles intervenant en détention,
- la FARAPEJ (Fédération des Associations Réflexion-Action Prison Et Justice), rassemble environ 70 associations dont l’ANVP,
- la Fédération des Acteurs de la Solidarité regroupe environ 800 associations ou organismes et gère plus de 2000 centres d’ hébergement ou de réinsertion,
- le Genepi (Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées) qui à la suite de positionnements très marqués politiquement ne vient plus aux réunions mais reste membre du GNCP,
- le Secours catholique (CARITAS France),
- l’UFRAMA (Union des Fédérations Régionales des Associations des Maisons d’Accueil) qui s’occupe de l’accueil des familles dans les lieux de détention,
- les Petits Frères des Pauvres : environ 40 bénévoles répartis dans différents établissements pénitentiaires interviennent auprès de détenus âgés et dans les hôpitaux pénitentiaires.
LES MISSIONS DU GNCP
- Faire connaître les dysfonctionnements du système pénal et pénitentiaire auprès des autorités de l’État et les porter à la connaissance du grand public.
- Faire circuler l’information entre les associations composant le GNCP.
- Préparer les JNP en mettant à disposition des associations membres, un dossier en rapport avec le thème annuel choisi, éditer des affiches, des flyers et tous documents facilitant l’animation des JNP. Partager une communication commune à ce sujet.
L’ORGANISATION DU GNCP
Le GNCP a pour originalité de ne pas exister officiellement. C’est une structure informelle sans président ni bureau élu. Cependant, pour permettre son bon fonctionnement, les membres élisent chaque année un secrétaire qui se charge d’organiser les réunions, d’en établir les compte-rendus et d’assurer le suivi des chantiers engagés. En règle générale, c’est la FARAPEJ qui assure le secrétariat. Les personnes qui représentent les associations, peuvent être soit des salariés soit des bénévoles de celles-ci.
En regardant la composition de ce collectif, chacun peut comprendre qu’il y a des différences notables de taille et d’influence entre, notamment, la Croix rouge française, le Secours catholique, l’UFRAMA et l’ANVP. Il faut pourtant que tous ces organismes trouvent un consensus en vue, par exemple, d’élaborer ensemble un plaidoyer*, lequel doit ensuite être validé par chaque organisation membre et signé par chaque président(e).
* Ex. « Lettre ouverte au Président de la République » sur la surpopulation carcérale rendue publique le 30 mai 2020 et auquel le GNCP a participé.
Aux réunions du GNCP, entre des membres « praticiens », gens de terrain tels que les visiteurs de prison, les bénévoles des maisons d’accueil et les aumôniers, et d’autres plus « théoriciens », la vision des choses n’est pas forcément la même. Dans ce contexte, les représentants de l’ANVP peuvent être amenés à jouer un rôle de modérateur, souvent soutenus par ceux de l’UFRAMA.
LE CHOIX DU THEME ANNUEL DES JNP
Pour 2020, le thème retenu est « Prison : une communauté à part ? ». Comment a-t-il été choisi ?
Chaque association est invitée en début d’année à proposer plusieurs thèmes. Sont ainsi collectés de quinze à vingt thèmes différents, parmi lesquels un choix va être fait par les membres du GNCP, à l’issue de plusieurs votes : au premier vote, chaque association peut retenir trois thèmes, un second vote permet de choisir les trois thèmes ayant eu le plus de voix. Au final, le thème choisi est celui qui a recueilli le plus grand nombre de voix. Seuls les membres présents peuvent participer au vote, les absents n’ayant pas la possibilité de s’opposer au thème retenu.
LE FONCTIONNEMENT DU GNCP
Ce fonctionnement, complexe, repose sur la bonne volonté des uns et des autres. Certains membres peuvent s’appuyer sur leur structure, d’autres uniquement sur eux-mêmes.
Pour le dossier de préparation des JNP, chaque association se voit attribuer une tâche à réaliser dans un délai défini à l’avance. A titre d’exemple, pour les JNP 2020, l’ANVP devait rédiger une fiche sur « les modules de respect », ce qui a été fait dans les délais impartis.
La Covid n’a pas facilité le travail, la plupart des réunions ayant eu lieu cette année en utilisant « Zoom ». A ce jour, certaines parties du dossier restent à finaliser.
La participation au GNCP est un bon exercice pour apprendre à entendre et respecter d’autres opinions que celles de son association et pouvant être assez éloignées de celles-ci. C’est également un bon entraînement à la patience, car il faut parfois de longues discussions pour s’accorder sur une phrase, un paragraphe ou un titre. Au final, le travail se fait dans l’écoute et le respect des uns et des autres.
En 2019 le groupe a décidé, avec l’aide d’un cabinet de conseil, de mener une réflexion approfondie sur son mode de fonctionnement. Une journée de travail a eu lieu en mars 2020 où le cabinet choisi a présenté une synthèse, base de travail pour une nouvelle journée de réflexion prévue en novembre prochain. A noter par exemple que les grandes associations préconisent l’embauche d’un salarié, tandis que d’autres, comme l’ANVP, aux budgets plus contraints ne le souhaitent pas.
L’OBJECTIF DES JNP
L’objectif des JNP est de sensibiliser le grand public sur les prisons mais il n’est presque jamais atteint. Lors des manifestations organisées dans le cadre des JNP se retrouvent essentiellement des militants de la cause des prisons et les membres des associations composant le GNCP – mais fort peu le grand public. Une nouvelle approche du fonctionnement devrait mieux répondre à cette problématique. Selon l’ANVP, le GNCP devrait s’élargir à des associations comme AUXILIA ou Le Courrier de Bovet pour lui donner un nouveau souffle.
En moyenne, entre les onze réunions statutaires et celles consacrées à des sujets particuliers, le GNCP se réunit une quinzaine de fois dans l’année. Les deux représentants de l’ANVP se répartissent la présence aux réunions et le travail à réaliser. Après chaque réunion, ils transmettent un rapide compte-rendu à Xavier Denecker et à Laurence Fayet, en attendant le compte-rendu officiel.
La présence de l’ANVP dans cette structure informelle qu’est le GNCP apparaît très utile car c’est un lieu d’échange d’informations. Il peut aussi être une tribune. S’il s’associe à un « plaidoyer », celui-ci a plus d’impact auprès des pouvoirs publics et dans l’opinion parce que signé par l’ensemble des associations, notamment celles connues du grand public.
Dominique Luccioni, correspondante au centre de détention de Paris La Santé
Yves Racovski, correspondant à la maison d’arrêt de Villepinte