Pour un grand nombre de visiteurs de prison, visiter veut dire se rendre à l’intérieur d’un établissement pénitentiaire pour y rencontrer individuellement une ou plusieurs personnes détenues. Ces visites se passent dans des box réservés à cet effet, ainsi qu’aux rencontres avec les avocats, les services de police ou de gendarmerie.
En savoir plus sur les visites : consultez la page « Notre cadre d’intervention » dans le site de l’ANVP.

A cause de l’épidémie, afin de limiter les risques d’apparition du coronavirus en prison et mettre fin aux craintes des détenus qui se sont manifestées par une séries de mutineries (voir la revue de presse de l’ANVP de mars 2020), les visiteurs de prison, comme tous les intervenants extérieurs aux établissements pénitentiaires, n’ont plus rencontré les personnes qu’ils visitent à partir du 19 mars 2020. Lire les mesures de confinement prises par l’Administration pénitentiaire. Pour la reprise des visites, la première date annoncée a été celle du 24 mai.
Garder le contact avec les personnes détenues que nous visitons est une nécessité : nous sommes souvent leur seul lien humain non professionnel avec l’extérieur. Nous mesurons régulièrement combien cette relation leur est bénéfique.
Durant cette période, comment faire pour qu’un échange par écrit puisse s’instaurer puisqu’il nous est conseillé de ne pas donner nos coordonnées personnelles aux personnes rencontrées ?
La première idée, celle d’inciter les personnes détenues visitées à écrire à leur visiteur via le siège de l’association ne s’est pas avérée praticable, celui-ci étant resté fermé pendant le confinement.
C’est donc des solutions locales qui ont été mises en place : lorsque cela a été possible, les visiteurs ont envoyé leurs messages par mail au SPIP de l’établissement (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) qui les imprimait et les remettait aux destinataires ; le circuit retour, de la personne détenue vers son visiteur, a souvent pu suivre le même chemin.
Avec l’accord de l’administration pénitentiaire, les personnes détenues ayant un visiteur ont pu accéder à un N° de téléphone mis en place par l’association. Ce numéro leur a été communiqué par leur visiteur ou par le SPIP de leur établissement. Ils y déposaient leurs messages, ensuite transmis à leur visiteur. Voir l’article « Ouverture d’un service téléphonique ».
Le confinement étant terminé, un retour à la normale est en cours. Certains visiteurs ont retrouvé avec plaisir le chemin de l’établissement dans lequel ils visitent. Ce n’est pas le cas partout, des aménagements s’avèrent nécessaires au préalable, quand ce n’est pas à cause de de la promiscuité dans des box trop exigus….
Peut-être que certains visiteurs ne retrouveront pas ceux qu’ils visitaient, un nombre non négligeable d’entre eux a été libéré préventivement.
Ce n’est pas pour autant qu’il y aura trop de visiteurs de prison ou que certains seront au chômage ! Il nous est toujours possible de nous faire mieux connaître dans les établissements. Notons que certains établissements isolés, loin d’une ville, manquent de visiteurs. Evoquons aussi les visiteurs qui n’entrent pas en détention – c’est-à-dire ne vont pas dans les établissements – mais interviennent « en dehors « . Ils rencontrent des personnes sous main de justice bénéficiant de mesures leur permettant d’effectuer leur peine à l’extérieur de la prison. Notre association appelle de tous ses voeux au développement des peines alternatives à la prison, non seulement comme mesure permettant de ne pas revenir à la surpopulation précédant l’épidémie, mais aussi pour avoir mesuré l’impact de ces mesures dans la limitation de la récidive.
Le 3 juin, avec d’autres associations, l’ANVP a signé une lettre au Président de la République lui demandant de tout faire pour qu’on ne retombe pas dans les travers de la surpopulation carcérale pour laquelle la France a souvent été condamnée. Voir la lettre. Liste des signataires.