Pendant les après-midis des vendredi 23 et samedi 24 novembre, une douzaine de visiteuses et visiteurs de la section du Haut-Rhin sont allés à la rencontre de la population dans le but d’échanger sur la vie carcérale et l’action des visiteurs de prison…. Et peut-être de faire changer un peu l’image des détenus….
Pour cela nous avions matérialisé au sol les dimensions d’une cellule et nous avons distribué un quizz qui donnait des renseignements, des statistiques, et des détails de la vie carcérale. C’est la première fois que nous organisions ce type de démarche et ce n’était pas évident de se « jeter dans l’arène » mais comme dit Marie-Thérèse : « Pour moi, c’était inédit l’opération au contact de la rue. Aller à la rencontre de l’autre, cet inconnu, n’était pas évident, mais je suis contente d’avoir « osé ». Dans l’ensemble les contacts étaient relativement positifs. J’ai trouvé de l’écoute et très peu d’agressivité ». Nicolas confirme : « c’était plutôt positif. Les personnes étaient à l’écoute de nos explications et certaines n’hésitaient pas à nous poser des questions ». Pour être bien identifiés nous avions fait réaliser des gilets jaunes floqués au logo de l’ANVP…Hasard du calendrier…Et comme le dit Eliane : « les gilets jaunes nous ont bien aidés parce que beaucoup de personnes commençaient par dire : « je suis entièrement d’accord avec vous » puis avec un sourire je leur montrais le logo en disant : « En êtes-vous vraiment si sûrs ? … Et la conversation était engagée….Les opinions de mes interlocuteurs avaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel avec toutes les nuances possibles…. ». René donne le ressenti général de l’équipe « Il y avait une majorité d’opinions plutôt dures : « il faudrait la peine de mort pour les irrécupérables »…J’ai entendu de nouveau des protestations contre » le club Med », la salle de sport etc…. ». Marie-Christine confirme : « Le sécuritaire prédominait et les personnes rencontrées souhaitaient des conditions de détention différentes en fonction du délit : La dureté du lieu de vie pour les meurtriers, les pédophiles et de meilleures conditions de vie et de considération pour les petits délits. Les gens n’hésitaient pas à exprimer clairement leur point de vue ». Majoritairement la population a une image négative les détenus et peu d’intérêt pour leurs conditions de détention. Le thème de l’incarcération fait écho au contexte actuel et permet à beaucoup de gens de parler de leurs difficultés matérielles, alors qu’ils travaillent et sont « réglo », eux… Marie-Claire dit « n’avoir senti que peu de compassion à l’égard du sort des détenus et peu d’empathie quant à la souffrance morale que provoque l’incarcération ». Mais elle a aussi entendu un autre son de cloche : « Beaucoup de prisons sont insalubres, dont celle de Mulhouse, il faut les détruire ». « Il y a trop de gens en prison qui n’ont rien à y faire.. » Plusieurs sont d’avis que la prison n’est pas une solution, qu’on en sort pire qu’avant, qu’on y apprend à être encore plus délinquant. Un passant développe longuement ses idées sur la prévention dans les familles, à l’école, par l’éducation en général. Il dénonce aussi la société de consommation qui frustre les plus démunis et peut les amener aux délits. « Aujourd’hui, c’est tout, tout de suite ! ».
Tous les visiteurs qui ont participé à cette action de rue se disent contents de l’avoir fait, prêts à le refaire l’année prochaine et même en peu surpris de l’accueil globalement sympathique que la population leur a réservé : « c’est bien ce que vous faites » ont dit deux jeunes à Béatrice qui conclut cet article par ces propos : « Inattendues, les questions de toutes les personnes rencontrées, d’âge différent et venant d’horizons différents rappelaient quelque chose d’essentiel : que le dialogue est utile dedans et hors les murs ».
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